Chapitre 2 : la naissance du swing

Chapitre 2 : la naissance du swing

Le pianiste, compositeur, chef d’orchestre, auteur et pédagogue français, Laurent Cugny a fait paraître ce printemps chez Frémeaux & Associés un ouvrage didactique très accessible sobrement intitulé « Une histoire du jazz ». Des balbutiements swing à la…
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Beschreibung

vor 4 Monaten

Le pianiste, compositeur, chef d’orchestre, auteur et pédagogue
français, Laurent Cugny a fait paraître ce printemps chez
Frémeaux & Associés un ouvrage didactique très accessible
sobrement intitulé « Une histoire du jazz ». Des
balbutiements swing à la fin du XIXè siècle aux mutations
stylistiques des années 1990, c’est une épopée musicale et
sociale unique qui a rythmé et narré le quotidien des
afro-américains au fil des décennies.


Qui fut le premier jazzman ? Cette question taraude l’esprit
de nombreux musicologues et historiens depuis des décennies. Le
pianiste et chanteur néo-orléanais, Jelly Roll Morton, s’était
autoproclamé « inventeur du jazz » dès les années 1900.
Cette affirmation audacieuse traduit toutefois une réalité
incontestable : la genèse de cette forme d’expression a bien
eu lieu au tournant du XXè siècle. De cette première étape
fondatrice, localisée principalement à La Nouvelle-Orléans, germa
une foultitude d’acrobaties rythmiques et harmoniques dont les
échos continuent de nourrir « L’épopée des Musiques
Noires ».


Si l’on considère communément que « l’Original Dixieland
Jazz Band », emmené par cornettiste Nick La Rocca, fut
l’ébauche initiale du swing, documentée en 1917 par un
enregistrement historique, il convient de souligner l’apport des
pionniers que furent King Olivier, Louis Armstrong ou Sidney
Bechet, dont la science de l’écriture et le sens de
l’improvisation hissèrent la virtuosité en art majeur. Ces
figures tutélaires ont ouvert la voie aux grandes formations
rutilantes des années 1930 et accompagné les bouleversements
sociaux d’une Amérique encore très conservatrice. Est-il, pour
autant, juste d’associer l’esprit frondeur de tous ces
instrumentistes chevronnés aux soubresauts de la communauté noire
outre-Atlantique ? Les révolutions stylistiques
marquent-elles les fractures du temps ? Laurent Cugny
s’autorise un bémol dans cette lecture un peu trop simpliste et
réductrice de la lente progression du vocabulaire jazz.


Le be-bop des années 1940 doit-il être présenté comme une poussée
d’urticaire d’une génération contestataire ? Il est évident
que les Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Thelonious Monk, ont
bousculé l’écoute et l’interprétation du jazz mais cette audace
était-elle subite ? Ne doit-on pas percevoir l’inventivité
des créateurs comme l’évolution fructueuse d’un idiome en
constant renouvellement. Cette interrogation légitime se pose
chaque fois qu’un artiste ose triturer un héritage qu’il se plaît
à malmener ou magnifier. En tout état de cause, ses œuvres ne
peuvent que répondre à un passé assumé et compris. Lorsque le
free jazz vint perturber, dans les années 60, la sérénité des
amateurs de swing soyeux, ne trouvait-il pas sa source dans une
maîtrise de la composition léguée par les aînés ? Quoi qu’en
disent les éternels ronchons toujours prompts à redessiner les
contours de l’histoire, les secousses musicales les plus
radicales entrent toujours dans une linéarité qui épouse l’air du
temps… au moins jusqu’aux années 70 !


Une histoire du jazz, de Laurent Cugny, chez Frémeaux
& Associés.


 


Titres diffusés cette semaine : 


-  « Black Bottom Stomp » par Jelly Roll
Morton (Frémeaux & Associés)


- « Hotter Than That » par Louis Armstrong
(Frémeaux & Associés)


- « Jumpin’ at the woodside » par Count Basie
(Frémeaux & Associés)


- « Blue in Green » par Miles Davis (Columbia
Records)


- « Donna Lee » par Jaco Pastorius (Epic
Records).

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