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13.12.2025
29 Minuten
Ils sont nés un 22 décembre à 22 ans d’écart ! Le pianiste
martiniquais Grégory Privat et le saxophoniste guadeloupéen
Jacques Schwarz-Bart ont uni leur talent pour imaginer un album
dans lequel une myriade de sources d’inspiration magnifie leurs
prouesses stylistiques. C’est ainsi que 22 vit le jour. Un
dialogue complice, une joute jazz, une camaraderie caribéenne,
l’addition de deux individualités chaleureuses que le public du
New Morning à Paris pourra savourer le 27 décembre 2025.
La multiplicité de leurs projets respectifs et leur insatiable
propension à tenter des d’expériences ne pouvaient que provoquer
cette rencontre magistralement périlleuse. Cette audace est le
signe d’une véritable virtuosité. Il faut dire que chacun d’eux a
démontré sa valeur artistique au fil des années. Jacques
Schwarz-Bart est un homme libre qui déjoue les normes académiques
en s’offrant le luxe de bousculer le jazz de ses aînés. Son
humeur caribéenne mâtine son répertoire d’un irrésistible lyrisme
cadencé certainement hérité de ses ancêtres. Instrumentiste
savant, il est aussi un citoyen concerné par les enjeux
géopolitiques actuels. Sa participation active au projet Black
Lives – From Generation to Generation révèle une quête de
justice que sa musique épouse singulièrement.
Grégory Privat est également un être attentif aux circonvolutions
du monde. Lui aussi perçoit ce XXIè siècle avec acuité et joue
avec les nuances sonores de sa musicalité éclectique pour
transmettre un sentiment de concorde et d’unité. Ses
circonvolutions pianistiques ne cessent de susciter la curiosité
et l’intérêt de ses admirateurs. Électrique ou acoustique, la
texture de ses envolées créatives le hisse au rang des plus
téméraires agitateurs swing de notre temps. Cette hardiesse lui
brûlera-t-elle les ailes ? Seul, le public saura
l’accompagner dans ses fulgurances et son imaginaire. Sachons
donc saluer les prises de risque quand, d’un disque à l’autre,
les couleurs harmoniques évitent l’écueil de la répétition, du
«déjà vu, déjà entendu». L’improvisation n’est pas nécessairement
un exercice d’équilibriste, elle peut être maîtrisée et assumée.
L’expérience est la clé et Grégory Privat acquiert cette maturité
qui identifie sa personnalité artistique.
22 est un album fascinant qui fait appel à deux sensibilités
uniques, différentes et curieusement complémentaires. Cet échange
improbable entre un pianiste et un saxophoniste, sans l’apport
percussif d’un tambour ka ou bèlè, n’altère pas le rythme et
l’émotion du répertoire. Chaque composition a sa lecture, sa
signification, son rôle. À nous de les saisir… Après une
imposante tournée aux États-Unis, au Canada, en Guyane, en
Martinique, les spectateurs parisiens pourront à leur tour faire
scintiller cette guirlande de notes frissonnantes entre Noël et
le Jour de l’an. Quelle belle promesse !
- Jacques Schwarz-Bart & Grégory Privat au New
Morning le 27 décembre 2025
- Le site de Grégory Privat (en anglais)
- Le site de Jacques Schwarz-Bart (en
anglais).
Titres diffusés cette semaine :
- «The Most Beautiful» par Jacques Schwarz-Bart et
Grégory Privat, extrait de l’album 22
- «Yamakasi» par Grégory Privat, Laurent Coulondre et
Arnaud Dolmen, extrait de l’album The Get Down
- «Dlo Pann» par Jacques Schwarz-Bart et Grégory Privat,
extrait de l’album 22
- «I Apologize» par le collectif Black Lives, extrait de
l’album People of Earth
- «Tournesol» par Jacques Schwarz-Bart et Grégory Privat,
extrait de l’album 22.
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06.12.2025
29 Minuten
Le 24 novembre 2025, le chanteur jamaïcain Jimmy Cliff
disparaissait à l’âge de 81 ans. Si sa notoriété explosa grâce au
titre «Reggae Night» en 1983, il serait injuste de réduire son
aura planétaire à cette simple bluette fort bien ficelée. Jimmy
Cliff fut un auteur, compositeur, interprète de renom qui parvint
à sortir du cadre stylistique de ses contemporains sans jamais
trahir ses convictions artistiques, ni les musicalités
traditionnelles de sa terre natale.
Lorsqu’il naît en juillet 1944, la Jamaïque est encore sous
domination britannique. Ce n’est qu’au tournant des années 60 que
James Chambers (son vrai nom) se sentira pousser des ailes quand
la jeune nation indépendante autorisera la libre expression de
plusieurs formes d’expression dont le ska qu’il écoutera avec
gourmandise mais c’est un film qui le révélera au grand public.
«The harder they come» de Perry Henzel mettra en scène un acteur
de 28 ans qui signera également la bande son du long métrage.
Jimmy Cliff brille subitement dans le feu des projecteurs et son
nom résonne jusqu’aux États-Unis.
Cette première étape vers le succès international l’incite à
multiplier les prestations au-delà de l’espace caribéen. Il se
rend au Nigeria pour la première fois en 1974. Acclamé à son
arrivée par des milliers d’admirateurs, il finira son séjour en
prison après une altercation avec un promoteur véreux l’ayant
accusé de ne pas avoir honoré son contrat. Qu’importe ses
déboires, Jimmy Cliff reviendra souvent sur le continent africain
et se produira au Sénégal, en Gambie, en Sierra Leone, au Ghana,
en Zambie, en Afrique du Sud, etc. sans jamais omettre de
transmettre des messages clairs aux pouvoirs autocratiques.
Artiste libre, il déroutera parfois ses plus fervents disciples
en s’autorisant des pas de côté discographiques. L’un des
exemples marquants fut sans nul doute l’album Fantastic Plastic
People en 2002 dans lequel il s’illustra aux côtés de
personnalités très diverses, de Sting à Wyclef Jean, d’Annie
Lennox (Eurythmics) à Joe Strummer (The Clash) ou encore Kool
& the Gang. Ce curieux attelage ne manqua pas de susciter
quelques commentaires acerbes de la part de fans un poil
décontenancés. Jimmy Cliff fit fi de ces remarques peu amènes et
poursuivit son exploration débridée de tous les accents musicaux
que le reggae peut nourrir. Il faudra attendre «Rebirth», dix ans
plus tard, pour retrouver un Jimmy Cliff résolument tourné vers
le patrimoine sonore de sa jeunesse.
Cette grande figure de «L’épopée des Musiques Caribéennes» vint
plusieurs fois s’exprimer sur nos ondes. Nous lui rendons hommage
aujourd’hui en l’écoutant se raconter, à travers les décennies,
grâce à nos archives précieusement conservées.
Le site de Jimmy Cliff.
Titres diffusés cette semaine :
- « Hurricane Hattie » par Jimmy Cliff (1962)
- « Many Rivers To Cross » par Jimmy Cliff
(1969)
- « You Can Get It If You Really Want » par Jimmy Cliff
(1972)
- « The Harder They Come » par Jimmy Cliff
(1972)
- « Reggae Night » par Jimmy Cliff (1983)
- « Fantastic Plastic People » par Jimmy Cliff
(2002)
- « No Problem, Only Solutions » par Jimmy Cliff
(2002)
- « One More » par Jimmy Cliff (2012)
- « Ship Is Sailing » par Jimmy Cliff (2012)
- « Bridges » par Jimmy Cliff (2022).
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29.11.2025
29 Minuten
Bien connue des amateurs de jazz parisiens, Denise King est une
chanteuse américaine de grande valeur qui ne se contente pas de
livrer des prestations toujours frissonnantes. Elle œuvre pour le
bien-être de ses contemporains en multipliant à Philadelphie, sa
ville natale, les actions caritatives. Il paraissait logique que
son dernier album People Get Ready appelle à un sursaut
citoyen à travers une relecture inspirée de grands classiques
engagés.
Alors que la résignation semble l’emporter face aux défis de
notre XXIè siècle, certaines voix continuent de défendre un idéal
de justice, de paix et de tolérance. Denise King fait partie de
ces rares interprètes à défier l’apathie en s’exprimant
ouvertement sur les dérives et dangers de notre époque. En
revitalisant les œuvres immortalisées jadis par ses aînés, elle
redonne à ses auditeurs le goût de la contestation positive, de
la résilience active. Il faut du caractère pour s’emparer du
patrimoine de Nina Simone, Abbey Lincoln, Edwin Hawkins ou Curtis
Mayfield. Denise King en a et le prouve sur ce nouvel album pétri
de messages vibrants à méditer.
Bien qu’elle se délecte de longue date du swing de ses grandes
consœurs, Denise King n’hésite pas pour autant à se plonger dans
des univers sonores plus périlleux comme le rock de U2 dont elle
adapte avec brio l’hymne «Pride in the name of love». Elle
s’amuse également à triturer avec le plus grand respect une
poésie de Bob Dylan, «Gotta serve somebody». Femme téméraire,
Denise King a suffisamment écumé les scènes internationales pour
s’autoriser quelques audaces musicales sans trahir l’intention
originelle. Ainsi, People Get Ready ranime le discours des
combattants de la liberté dont elle perçut certainement l’écho
toute gamine quand les grands orateurs d’antan défendaient les
droits civiques aux États-Unis.
Alors que la société américaine s’interroge sur son avenir, alors
que les bruits de bottes s’intensifient chaque jour, alors que
les propos radicaux agitent les esprits, la voix de Denise King
suscite l’examen de conscience et invite à relever la tête. «Il
n’y a pas de fatalité», semble-t-elle marteler dans ce disque
utile et revigorant. Il suffit d’écouter «Why can’t we live
together» emprunté à Timmy Thomas pour ressentir son exaspération
et comprendre son désir de bousculer les certitudes. Denise King
est une femme de cœur qui n’a jamais baissé les bras. À nous de
la suivre à présent dans son combat pour un monde plus juste et
équilibré.
Site internet - Denise King.
Titres diffusés cette semaine :
- «You gotta move» par Denise King, extrait de People Get
Ready (Jazzbook Records)
- «War» par Denise King, extrait de People Get Ready
(Jazzbook Records)
- «Throw it away» par Denise King, extrait de People Get
Ready (Jazzbook Records)
- «People Get Ready» par Denise King, extrait de People
Get Ready (Jazzbook Records).
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22.11.2025
29 Minuten
À seulement 27 ans, le bluesman afro-américain DK Harrell fait
sensation chaque fois qu’il se produit sur scène. Nourri par les
albums du regretté B.B King, il revitalise l’esprit de son
illustre aîné en mâtinant son propre répertoire d’une vigueur
époustouflante. Son deuxième album Talkin’
Heavy confirme son immense talent décelé en 2023 sur The
Right Man. De passage en France pour quelques prestations
attendues, le jeune prodige s’est confié à notre micro.
Natif de Ruston en Louisiane, DKieran Harrell a en lui la sève
cosmopolite de cet État multi-ethnique qui a vu passer des
milliers de migrants, esclaves, simples voyageurs, en quête d’une
terre clémente. Il sait ce que cette région a apporté au
rayonnement culturel des États-Unis à travers la planète et
défend fièrement le vocabulaire blues qu’il maîtrise à la
perfection. Il faut dire que cette forme d’expression a éveillé
son esprit dès l’âge de 2 ans quand il entendit, dans la voiture
de son grand-père, «The thrill is gone» extrait de l’album Deuces
Wild du Roi, B.B King. L’impact de cette musique sur le
bambin qu’il était à l’époque fut déterminant. Sans qu’il put
comprendre l’émotion qui le faisait frissonner, son destin était
tout tracé. Malgré les réticences d’un père qui l’imaginait
footballeur, le jeune DK Harrell parvint au fil des mois et des
années à s’emparer d’une guitare.
Aujourd’hui, DK Harrell virevolte sur les scènes internationales
et profite de cette exposition médiatique pour transmettre des
messages car, non content d’être un fin instrumentiste, ses
talents de chanteur sont indéniables. Talkin’ Heavy est donc
l’occasion de se révéler et d’exposer au grand jour ses
préoccupations. Comme nombre de ses contemporains et amis, il
milite pour un monde ouvert, inclusif et généreux. Les divisions
l’ennuient profondément. Le blues n‘est pas seulement l’écho d’un
lointain passé. Il conte notre époque, ses défis, ses enjeux, ses
ambitions. Respecter la tradition des aînés est, certes, une
exigence mais il faut savoir actualiser ce discours pour que
l’histoire se conjugue aussi au présent.
DK Harrell a la chance de faire partie d’une génération de
virtuoses qui redessine les contours du blues. Ses homologues,
Stephen Hull, Christone «Kingfish» Ingram, Sean McDonald,
Jontavious Willis, Jerron Paxton, écrivent sous nos yeux un
nouveau chapitre de «L’épopée des Musiques Noires». Sauront-ils
tirer profit de cette complicité créative qui les anime ?
Nous pouvons, en tout cas, déjà ressentir l’effervescence qui
accompagne leur développement artistique et la pertinence de leur
propos. Leur XXIè siècle paraît sombre et inquiétant, mais il
émane de tous ces nouveaux venus une acuité confiante du
quotidien qui laisse entrevoir une réelle prise de conscience et
une remarquable maturité.
DK Harrell, comme ses camarades bluesmen, fait preuve de sagesse
et ne se laisse pas effrayer par les renoncements idéologiques ou
les dérives autoritaires. La diplomatie du blues le protège et
inspire même ses plus fervents auditeurs. Gageons que cette
profession de foi guidera longtemps ses pas sur le chemin de
l’excellence.
DK Blues.
Titres diffusés cette semaine :
- « A Little Taste » par DK Harrell (Alligator
Records)
- « No Thanks To You » par DK Harrell (Alligator
Records)
- « Talkin’ Heavy » par DK Harrell (Alligator
Records)
- « Praise These Blues » par DK Harrell (Alligator
Records).
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15.11.2025
52 Minuten
La 26è édition du festival «Blues sur Seine» ne déroge pas à
l’intention initiale. Depuis 1999, consolider le lien social est
le maître mot. Pour cela, les équipes programmatrices font preuve
d’ingéniosité et de générosité en conviant les artistes à se
produire dans des salles de spectacles, mais aussi des collèges,
lycées, centres sociaux du département des Yvelines avec la
volonté farouche de créer le contact, l’échange et l’écoute que
l’on soit amateur ou non de musiques afro-planétaires.
Au-delà du plaisir d’accueillir des spectateurs impatients
d’acclamer des artistes aguerris, «Blues sur Seine» parie sur les
vertus pédagogiques d’assister à une prestation musicale. Comme
l’a démontré le pianiste Sébastien Troendlé, il n’y a pas d’âge
pour découvrir les différentes formes d’expression qui ont rythmé
le quotidien des Afro-Américains au fil des décennies. Son
concert, destiné à des écoliers, raconte l’épopée des pionniers
du ragtime et du boogie-woogie. Si sa virtuosité fait mouche, son
récit n’élude pas pour autant les défis d’une population
confrontée au racisme et à la ségrégation au début du XXè siècle.
Comprendre les enjeux sociaux, défendre des valeurs, susciter le
respect, sont des objectifs cruciaux qu’il convient de
réaffirmer. Si la musique peut capter l’attention de jeunes
oreilles, vierges de tous préjugés éculés, la mission de
l’artiste est accomplie.
Le bluesman Stephen Hull, également à l’affiche du festival
«Blues sur Seine», a lui aussi un message à délivrer. À seulement
26 ans, il perpétue une tradition héritée de ses aînés, les B.B
King, Albert King, Jimi Hendrix… Il a conscience de sa
responsabilité patrimoniale. Il a le devoir de préserver un
héritage afro-américain et cette intime conviction l'a rapidement
hissé au rang des meilleurs instrumentistes actuels. Comme ses
contemporains, Jontavious Willis, Jerron Paxton ou Christone
«Kingfish» Ingram, il milite pour une reconnaissance universelle
du blues dont il connaît la portée historique. Le genre musical
qui l’anime a souvent conté l’aventure humaine de ses ancêtres
et, pour que ce témoignage ne disparaisse pas, il joue chaque
soir son rôle de jeune héritier, locuteur sincère d’un idiome
transmis de générations en générations.
Quand le blues consolait le samedi soir les citoyens américains,
dits de «seconde classe», dans les clubs miteux du sud des
États-Unis, le gospel et les spirituals leur donnaient de
l’espoir dans les églises baptistes le dimanche matin. Si l’on a
souvent opposé le sacré et le profane, il n’est pas inutile de
rappeler que l’expression artistique réunissait ces deux visions
stéréotypées d’une société américaine embourbée dans ses
contradictions. Le trio vocal «Ebony Roots», invité au festival
«Blues sur Seine», a mélodieusement prouvé qu’un répertoire,
inspiré par la foi, la bonté et la joie, n’est pas nécessairement
issu de cantiques religieux. Chanter des airs de Sam Cooke, du
Golden Gate Quartet, de Ben Harper ou de Bobby McFerrin peut
suffire à notre bien-être sans intention prosélyte. Alors que les
tensions internationales bousculent notre fragile XXIè siècle, il
n'est pas vain de se laisser bercer par la musicalité d’artistes
bienveillants.
Blues sur Seine se poursuit jusqu’au 22 novembre
2025 dans les Yvelines, près de Paris.
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Über diesen Podcast
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul,
Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait
rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire
au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la
place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place
prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine,
L’épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes
d’expression les plus vibrantes et sincères du 20ème
siècle : La Black Music ! À partir d’archives
sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de
musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier
et d’aujourd’hui. Réalisation : Nathalie Laporte. *** Diffusions
le samedi à 13h30 TU vers toutes cibles, à 21h30 sur RFI Afrique
(Programme haoussa), le dimanche à 17h30 vers l'Afrique
lusophone, à 18h30 vers Prague, à 21h30 TU vers toutes cibles. En
heure de Paris (TU +1 en grille d'hiver).
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