Gwoka, Biguine, Maloya… musiques nées de l’esclavage

Gwoka, Biguine, Maloya… musiques nées de l’esclavage

Si les États-Unis ont su mettre en valeur les différents styles musicaux, gospel, blues, jazz, soul, funk, rap, issus d’un lourd passif historique, la France peine à donner du crédit à des formes d’expression nées de traditions ancestrales afro-européen…
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Si les États-Unis ont su mettre en valeur les différents styles
musicaux, gospel, blues, jazz, soul, funk, rap, issus d’un lourd
passif historique, la France peine à donner du crédit à des
formes d’expression nées de traditions ancestrales
afro-européennes. Le journaliste Bertrand Dicale s’est penché sur
ce patrimoine culturel vibrant qui narre l’aventure humaine de
millions d’ultramarins.


Il aura fallu attendre des siècles pour que les différents
idiomes créoles trouvent une véritable légitimité et une
indéniable valeur artistique. Longtemps, on a cru que les
musiques autochtones n’étaient, aux yeux des colons, que l’écho
primitif d’un lointain passé africain. Il convient tout de même
de rappeler que les fusions culturelles naissent au moment où des
populations d’origines diverses partagent un quotidien commun.
Comment pourrait-il en être autrement ? Ainsi, la destinée
des esclaves africains est indissociable de celle de leurs
oppresseurs. La rencontre de rites, codes et traditions
originelles, a façonné un vocabulaire sonore métis.


La biguine, notamment, est le fruit d’une assimilation
progressive de sources bien distinctes comme la polka et le bèlè
parvenus à maturité dans le terreau caribéen dès la fin du XIXè
siècle. Au-delà de la dimension rythmique et harmonique, ce genre
musical est d’abord une danse qui impose un statut social après
l’abolition de l’esclavage. Maîtriser la chorégraphie biguine est
un signe d’appartenance à une civilisation de progrès très
éloignée des vestiges de l’esclavage. La biguine est donc le
ciment d’une population qui assume pleinement son passé mulâtre
mais qui choisit de le sublimer. Aujourd’hui encore, la biguine
continue de provoquer des mutations sociologiques universelles.


Les musiques nées de l’esclavage ont joué un rôle d’émancipation
pour des millions d’hommes et de femmes par-delà les océans. Le
Maloya réunionnais par exemple, longtemps banni par
l’administration française coloniale, est devenu avec le renfort
du Parti Communiste local le porte-voix des opprimés et
l’affirmation d’une identité résiliente idiosyncratique. Terre
multi-ethnique, l’île de La Réunion jouit d’une richesse
culturelle unique. Indiens, Africains, Européens, Chinois, ont
dessiné les contours d’une «batarsité» que le musicien, chanteur
et poète, Danyel Waro revendique avec force comme un emblème de
la diversité généreuse.


Tous ces répertoires, ces langages, ces modes de vie, ne sont pas
que les témoignages d’une souffrance, ils ont modelé notre
altruisme et nous encouragent à regarder le monde avec les yeux
de la tolérance. C’est le vœu que formule en filigrane Bertrand
Dicale dans son dernier ouvrage «Musiques nées de
l’esclavage - domaine français», aux Éditions de la Philharmonie
de Paris.


Titres diffusés cette semaine :


- « K’drill N°1 » par Hervé Celcal 


- « Anlé Monn La » par le trio Biguine
Extension 


- « Mon Maloya » par Meddy Gerville. 

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