Leçon inaugurale - Stanislas Dehaene : Vers une science de la vie mentale
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vor 19 Jahren
Stanislas Dehaene
Psychologie cognitive expérimentale
Collège de France
Année 2005-2006
Leçon inaugurale - Stanislas Dehaene : Vers une science de la vie
mentale
Date : 27 avril 2006
Résumé
La leçon inaugurale a porté sur les lois de la psychologie et les
stratégies de recherche qui pourraient permettre de les établir.
« La psychologie est la science de la vie mentale. » Ainsi
William James cernait-il, dès 1890, le domaine de ce qui allait
devenir la psychologie cognitive. Celle-ci s'affirme comme une
part intégrante des sciences de la vie, qui exploite toutes les
méthodes de la biologie, depuis la génétique jusqu'à l'imagerie
cérébrale ; mais une science de la vie mentale, qui tente
d'énoncer des lois générales de la pensée, un domaine intime et
subjectif que l'on aurait pu penser inaccessible à la méthode
scientifique.
La diversité des cultures, des personnalités, et des compétences
humaines semble rendre hasardeux le projet d'une science
psychologique unifiée, capable d'énoncer des lois d'une portée
générale. De fait, depuis les vingt dernières années, les
laboratoires de psychologie expérimentale se sont spécialisés,
chacun s'attachant à comprendre un aspect restreint de la
cognition.
Par-delà les hasards de l'histoire évolutive et culturelle de
l'espèce humaine, se pourrait-il pourtant que notre vie mentale
soit régie par quelques principes généraux d'architecture
cérébrale ? Renouant avec l'esprit du programme psychophysique de
Fechner, Wundt, Ribot ou Piéron, la psychologie doit se donner un
objectif ambitieux : pousser l'analyse des fonctions cognitives
supérieures jusqu'à un niveau de formalisation comparable à celui
de la physique, par la formulation de théories mathématiques et
de modèles neuro-informatiques. Les lois psychologiques, même si
elles peuvent être exprimées sous forme d'algorithmes formels, ne
seront comprises en profondeur que lorsqu'elles auront été mises
en relation avec les différents niveaux d'organisation du système
nerveux. L'imagerie cérébrale présente ainsi une opportunité
exceptionnelle d'approfondissement du champ de la psychologie.
Loin de ne constituer qu'une « néo-phrénologie », elle donne
accès à l'architecture fonctionnelle et aux mécanismes des
fonctions cognitives, plus directement que la traditionnelle
étude du comportement.
Pour illustrer ces propos, la leçon inaugurale a présenté la
dissection d'une fonction cognitive, l'arithmétique mentale, qui
offre un prétexte à passer en revue quelques questions
fondamentales d'architecture de la cognition animale et humaine.
On pourrait penser que l'arithmétique n'est qu'une invention
culturelle récente de l'humanité. Pourtant, un sens du nombre est
présent chez le nourrisson et de nombreuses espèces animales. Il
suit des lois psychophysiques simples qui régissent également la
plupart des dimensions perceptives. Plus d'un siècle après leur
formulation mathématique, ces lois reçoivent une validation
directe avec la découverte, chez l'animal, de neurones codant
pour les nombres, dans des régions homologues de celles observées
dans le cerveau humain.
Les propriétés de ces populations de neurones rendent compte des
variations de nos temps de réponse dans des opérations
arithmétiques simples. Les règles de la chronométrie mentale
peuvent se déduire de la physique statistique de réseaux
neuronaux qui implémentent, en première approximation, un
algorithme de prise de décision optimale.
Si l'on commence ainsi à comprendre les opérations mentales les
plus automatiques, l'un des défis de la psychologie reste
d'élucider les mécanismes de leur contrôle conscient. Loin de
constituer le dernier refuge de la subjectivité, la cognition
consciente suit également des lois psychologiques universelles.
La compétition entre deux objets de perception, la collision de
deux opérations mentales ou le détournement de l'attention créent
des conditions reproductibles où l'on peut, à volonté, faire
apparaître ou disparaître la perception consciente. Les
recherches actuelles délimitent le contour des opérations
subliminales et les contrastent aux états corticaux globaux et
synchronisés observés lors de la prise de conscience. Elles
laissent ainsi entrevoir une modélisation neuronale objective des
contenus subjectifs de la conscience.
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