Didier Pineau-Valencienne : “Je suis désespéré de voir que les 40 sociétés du CAC40 sont toutes détenues par des étrangers” : L'ancien dirigeant de Schneider a publié "Soleil et Sympathie", il est l'invité exceptionnel de la Web Tv www.labourseetlavie.com

Didier Pineau-Valencienne : “Je suis désespéré de voir que les 40 sociétés du CAC40 sont toutes détenues par des étrangers” : L'ancien dirigeant de Schneider a publié "Soleil et Sympathie", il est l'invité exceptionnel de la Web Tv www.labourseetlavie.com

36 Minuten

Beschreibung

vor 5 Jahren


Ceux qui s’intéressent à la Bourse et aux grandes
entreprises ont sans doute connu Didier Pineau-Valencienne à la
têtre de l’entreprise Schneider.


Mais même ceux-là ignoraient jusqu’à cette publication de
“Soleil et Sympathie”, la première passio, qui ne l’a jamais
quitté et au contraire accompagné dans sa vie de dirigeant,
celle du livre et de la littérature. Didier
Pineau-Valencienne a ainsi commencé sa carrière en
accompagnant Albert Camus chez Gallimard.


Il a réuni au fil des ans une collection exceptionnelle et
c’est cette histoire, faite de découvertes et de rencontres,
qu’il nous raconte dans ce livre qui contient des documents
uniques comme des textes et dessins inédits d’Albert Camus, de
René Char, d’André Gide et d’André Malraux.


Dans « Soleil et Sympathie » il raconte
comment Albert Camus, Gaston Gallimard, André Malraux, Roger
Martin du Gard, René Char, ou Paul Eluard ont marqué sa vie, et
même influencé ses décisions dans sa vie personnelle ou
professionnelle.


Didier Pineau Valencienne répond dans ce long entretien
à mes questions qui portent sur sa vie de dirigeant
d’entreprise internationale, lui qui a connu la prison,
l’emballement médiatique, mais n’a pas eu forcément le pendant
des médias lorsqu’il a été innocenté par le juge belge, une vie
où la littérature l’a toujours accompagné, lui le vendéen qui a
gardé ses racines au coeur.
L’interview de Didier Pineau-Valencienne par Didier
TESTOT fondateur de la Web Tv www.labourseetlavie.com (Tous
droits réservés 2020).

 Web TV
www.labourseetlavie.com : Didier
Pineau-Valencienne, bonjour.


 Didier
Pineau-Valencienne : Bonjour.


Web TV www.labourseetlavie.com : Merci
de me recevoir chez vous. On sait que vous avez été un grand
dirigeant d’entreprise, de l’entreprise Schneider, mais pour
les anciens comme moi, on disait Schneider avant de dire
Schneider Electric. C’est effectivement votre réalisation. On
connaissait moins de vous votre passion ancienne des livres.
C’est ce que vous racontez dans Soleil et sympathie aux
éditions du Cherche Midi. Pourquoi avoir voulu justement nous
parler de ces livres, de cet amour de la littérature
française.


 Didier
Pineau-Valencienne : Alors, je vais
peut-être commencer par vous dire qu’à mon âge, je m’intéresse
énormément au caritatif. C’est-à-dire, je voudrais rendre à
ceux qui m’ont formé ce qu’ils m’ont donné. Par conséquent, je
m’occupe de mon lycée, je m’occupe de mon école HEC et je
m’occupe de la médecine, des grandes maladies, d’aider à
résoudre les problèmes des grandes maladies. Et m’occupant de
mon lycée, un jour, je sortais du Lycée Janson-de-Sailly rue de
la Pompe et je vois un groupe de jeunes d’une douzaine d’élèves
et qui tous étaient en train de pianoter sur leur portable. À
ce moment-là comme dans un rêve, je lève les yeux et je vois
les bustes des grands auteurs français qui sont le long du mur
de Janson-de-Sailly et je les vois dans mon rêve faire la
grimace. Je baisse un peu les yeux, je vois les fenêtres qui
s’ouvrent et je vois tous mes professeurs que j’avais eus en
5e, 4e, 2nde, 1ère, qui s’ouvrent et qui me disent
« Défends-les, défends-les ». Alors en réfléchissant
en allant vers ma voiture, je me suis dit, il faut que j’écrive
quelque chose. Et c’est comme ça que j’ai eu l’idée d’écrire ce
livre. Et peut-être maintenant, pourquoi le titre ?


Web TV www.labourseetlavie.com : Oui,
“Soleil et sympathie”.


Didier Pineau-Valencienne : Soleil
et sympathie. Le premier travail que j’ai eu après un long
service militaire de près de 28 mois dans la marine, j’ai
travaillé, j’ai eu la chance de travailler pendant deux ans
pour Albert Camus chez Gallimard et ça a été un des moments
merveilleux de ma vie. Camus m’a donné mon premier livre de
collection qui était La chute et il m’a donné ce livre numéroté
avec une dédicace qui était « Soleil et sympathie ».
Et j’ai repris la dédicace de Camus pour faire le titre de mon
livre.


Web TV www.labourseetlavie.com : Ce
que vous racontez dans cet ouvrage, c’est que Camus, ça a été
quelqu’un de proche pour vous puisque quand vous étiez chez
Gallimard…


 Didier Pineau-Valencienne : Je
le voyais tous les jours.


Web TV www.labourseetlavie.com : Nous,
on le connaît comme auteur parce qu’on a lu certains de ses
livres, mais vous, vous l’avez vu dans la vie réelle.


Didier Pineau-Valencienne : Je le
voyais tous les jours, un petit peu avec sa vie privée dont je
ne veux pas parler, mais ça fait partie du secret
professionnel. J’ai été un peu habitué à traiter de la vie
privée des grands. J’ai été Aide de camp dans la Marine à
l’amiral et c’est là où j’ai appris la vie finalement et
comment il fallait gérer la vie privée de la personne que vous
serviez et ça se fait avec beaucoup de discrétion de
professionnalisme et c’est peut-être là que j’ai appris les
qualités professionnelles qu’il faut avoir dans la vie.


Web TV www.labourseetlavie.com : Vous
racontez effectivement beaucoup d’anecdotes, beaucoup aussi de
choix que vous faites sur les ouvrages. Vous parlez de René
Char effectivement que vous aimez beaucoup. Je vous ai connu
finalement à travers votre direction de Schneider, je ne
connaissais pas cette partie-là. Comment vous êtes passé de cet
amour de la littérature, de ce travail-là, à d’un seul coup
l’entreprise. Vous avez fait HEC, vous en parlez au début de
notre entretien. Comment ça s’est passé ce passage
finalement ?


 Didier
Pineau-Valencienne : Je dirais que
la lecture a toujours pour moi été un support de la vie de tous
les jours. Et dans de nombreuses circonstances, la lecture m’a
profondément aidé à résoudre les problèmes journaliers que
j’avais dans ma vie personnelle ou dans ma vie
professionnelle. Donc, je trouve que la lecture est
quelque chose de capital dans la vie. Elle contribue à votre
formation. Elle vous permet d’acquérir des valeurs et elle vous
permet de faire des choix. Par conséquent, dès que j’avais un
problème dans ma vie professionnelle ou dans ma vie familiale,
je me mettais à lire. Et je retrouvais toujours dans mes grands
auteurs ce que je cherchais pour m’aider à résoudre les
problèmes du moment.


Web TV www.labourseetlavie.com :
Alors, vous parliez de ces tablettes, de ces jeunes,
effectivement aujourd’hui nous en avons tous les deux une voire
plusieurs. Aujourd’hui, on sent que ce mouvement a été fort, il
y a une génération qui est née avec ces tablettes, qui est née
avec ces smartphones, donc pour lui donner à cette
génération-là, peut-être à vos petits-enfants, le goût d’y
revenir, par quels moyens on pourrait leur donner
envie ?


 Didier Pineau-Valencienne : Je
crois que les tablettes et le portable, c’est maintenant une
réalité qui va évoluer elle aussi parce que les habitudes sont
faites pour changer. En ce moment, c’est la tablette et le
portable dont ils usent et ils abusent, parce qu’ils ne peuvent
pas vivre sans. Les choses se décanteront avec le temps. Je ne
veux pas supprimer le portable ni la tablette, parce que je
crois qu’il y aura toujours une nécessité de les avoir pour
aider à résoudre les problèmes. Je vous donnerai un exemple
tout à l’heure. Mais les choses peuvent se faire différemment.
Moi, ce que j’espère, c’est qu’il va y avoir une utilisation
effectivement différente de ce nouveau mode d’accès à la
connaissance, parce qu’on est dans une période d’abus, comme je
le disais il y a un instant et il va falloir décanter. Mais il
va falloir les garder. Je vais vous donner un exemple. L’autre
jour là où nous sommes, je cherchais la définition de l’amitié
par Alain et j’étais plongé dans mon livre La Pléiade et je
cherchais. J’ai un de mes petits-enfants qui passe et qui me
dit « qu’est-ce que tu cherches ? » et je lui
dis « je cherche la définition… » et en 15 secondes,
il me trouve la définition que je cherchais de l’amitié
d’Alain. C’est un avantage, mais je vais vous montrer un
inconvénient. En écrivant mon livre, je crois que c’est à la
fin du livre dans le dernier chapitre, je cherchais une
définition de Roger Martin du Gard. Et je cherche dans internet
et internet me donne Maurice Martin du Gard et c’était faux.
Donc, vous avez une information fausse qui se répand
éternellement grâce à internet. Donc, il faut faire toujours
très attention avec la recherche de la vérité quand on
s’adresse soit à internet, soit même à la recherche véritable,
à la source de l’information.


Web TV www.labourseetlavie.com : L’une
des périodes que vous racontez et puis ça fait partie de vos
origines, c’est bien sûr la Vendée. Vous parlez de deux
Vendéens célèbres, mais on pourrait dire qu’il y en a un
troisième ici maintenant devant moi, avec Clemenceau, Jean de
Lattre de Tassigny. On sait que la Vendée du XVIIIe a souffert
bien sûr de la Révolution française. Ça a été peut-être une
période un peu occultée. Celle d’aujourd’hui finalement, on
s’aperçoit qu’elle entreprend et vous avez fait un parallèle
entre celle qui a souffert à cette période-là et finalement
celle qui aujourd’hui entreprend et de manière
admirable.


 Didier
Pineau-Valencienne : Oui. Je vais vous dire,
le Vendéen est quelqu’un de très courageux. Le Vendéen est
travailleur et le Vendéen est fidèle. Avec ces trois qualités,
je crois que c’est Chateaubriand qui dans Les Mémoires
d’outre-tombe disait « Le Vendéen est un énorme
travailleur et on le voit bien derrière sa
charge ». C’est-à-dire qu’il laboure. Il travaille pour
créer. Et je crois que c’est ça les caractéristiques du Vendéen
et moi, j’aime bien ça. Et puis le Vendéen, c’est un
fidèle. Dans mon petit village de Vendée à La
Caillère-Saint-Hilaire, j’ai toujours des copains qui étaient
avec moi quand on avait dix ans et qu’on allait mettre des
collets pour attraper des lièvres dans les grands bois. Je suis
resté très fidèle en amitié avec eux et ce sont mes copains de
toujours. Il faut cette fidélité parce que je crois que là
aussi le Vendéen est fidèle. Alors, voilà les tas de
caractéristiques qui font que j’aime la Vendée et que la Vendée
est un modèle pour la France. Nous avons en Vendée actuellement
4 % de chômeurs quand il y en a 8 en France. Vous avez en
Vendée des PME qui se créent tous les jours, malgré toutes les
difficultés qu’on a dans notre pays pour créer des PME.


Web TV www.labourseetlavie.com :
Oui. On aura l’occasion d’en reparler. On est
justement dans cette période capitalisme et travail. Est-ce que
ce n’est pas finalement au cœur de nos interrogations
collectives aujourd’hui ? On sait que le capitalisme est
partout, y compris dans les pays communistes. Il n’y a plus que
le capitalisme, on pourrait dire. Mais on voit aussi qu’il est
contesté. On est dans un climat qui ressemble quand même un peu
à celui des années trente après la crise financière, la crise
économique, la crise sociale, la crise de la société. Est-ce
qu’aujourd’hui finalement, il faut en trouver ou en réinventer
un capitalisme ?


 Didier
Pineau-Valencienne : Non. Je vais vous dire
ma conviction, c’est que le Général de Gaulle avait été un des
premiers à nous dire comment il voyait l’évolution du
capitalisme. C’était l’association du capital et du travail.
Dans la création de richesse, il faut que tous les participants
à la création de richesse aient leur dû. Il faut que le capital
ait son dû, il faut que le travail ait son dû et il faut que la
société dans son ensemble ait son dû et c’est une harmonie, un
partage harmonieux pour permettre que le premier objectif soit
la création de richesse. Et moi ce qui me désespère en France,
c’est qu’on pense à la distribution avant même d’avoir créé la
richesse. Commençons par favoriser la création de richesse et
prévoyons des dispositifs qui permettent une redistribution
harmonieuse de cette richesse et non pas un système
confiscatoire comme ceci a été le cas depuis 1981 l’arrivée des
socialistes au pouvoir dans ce pays.


Web TV www.labourseetlavie.com : Donc
de votre point de vue, on est parti effectivement sur une
évolution où le curseur a été trop du côté des
actionnaires ? Je pense aux sociétés en bourse qu’on
connaît bien.


Didier Pineau-Valencienne : Je pense
qu’il y a eu des exagérations des deux côtés, si vous voulez et
on n’a pas suivi les conseils du Général de Gaulle qui lui
avait bien compris avant tout le monde la nécessité de cette
association du capital et du travail. Vous voyez par exemple
chez Schneider, je faisais en sorte que tout le personnel
puisse devenir actionnaire. Tout le personnel pouvait souscrire
à une augmentation de capital tous les ans à l’équivalent d’un
an de salaire à un cours de bourse inférieur de 30 % pour
favoriser le capital et le travail.


Web TV www.labourseetlavie.com : Mais
aujourd’hui quand on regarde ces entreprises du CAC40 que je
connais bien, finalement vous avez des fonds de pension
américains, vous avez des retraités californiens qui sont les
principaux actionnaires de ces entreprises. Il y a très peu de
français dans le capital.


 Didier Pineau-Valencienne : Je
suis désespéré de voir que les 40 sociétés du CAC40 sont toutes
détenues par des étrangers. Et aujourd’hui, ils ne sont pas
manifestés dans les assemblées générales, peut-être une ou deux
fois. Mais s’ils venaient à intervenir...

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